Versailles : tout ça pour çà !

22
Jui
2009

Ce lundi, Nicolas Sarkozy a convoqué l’ensemble des parlementaires à Versailles pour délivrer son message présidentiel. Respectueux des institutions républicaines, je suis allé l’écouter. Mais cette séance de monologue présidentiel est une preuve supplémentaire que la modification de la constitution que nous avons combattue conduit à un réel affaiblissement de la démocratie et du rôle du Parlement. Comment accepter qu’un président s’exprime pendant 45 minutes puis tourne les talons, sans écouter les réactions des représentants du peuple !

Une dérive monarchique

Que nous soyons membres de la majorité ou de l’opposition, nous avons été élus pour nous exprimer sur les choix de l’exécutif, en sa présence. Et le lieu naturel pour cela c’est le Parlement, où un Premier ministre - ou un ministre - engage sa responsabilité et où chaque député peut à la fois s’exprimer et voter. La déclaration de politique générale d’un gouvernement est suivie d’un débat et d’un vote.

En ce 220ème anniversaire du serment du jeu de paume (22 juin 1789), j’ai fait partie des députés socialistes qui ont appelé l’ensemble de nos collègues à nous réunir devant la salle du jeu de Paume pour dénoncer cette dérive monarchique.

Un discours de campagne

Quant au discours lui-même, j’ai entendu un discours de campagne, souvent en totale contradiction avec son action concrète.

J’ai entendu le président de la République stigmatiser « les parachute dorés et les gains mirobolants des dirigeants de certaines grandes entreprises », mais quand j’ai défendu il y trois semaines une proposition de Loi les limitant pour les entreprises faisant appel au fonds publics, la majorité a voté contre.

J’ai entendu le président de la République dire qu’il ne ferait pas une politique de rigueur, mais comment appeler les plans sociaux dans les hôpitaux, la fermeture des bureaux de poste, les suppressions d’emplois dans l’éducation … ?

J’ai entendu le président dire que l’on ne doit emprunter que pour financer des dépenses d’investissement. En 2001 l’essentiel du déficit (1,5 % du PIB) finançait l’investissement public. Depuis 2002 toute l’augmentation du déficit (il est aujourd’hui de 7 % du PIB) n’a servi qu’à financer des dépenses courantes. Quant à l’emprunt, il s’agit d’un habillage habile pour masquer la responsabilité des gouvernements de droite dans la dérive des déficits, paquet et bouclier fiscal en tête. Que changera-t-il ? Rien : l’Etat emprunte tous les jours des centaines de millions d’euros pour financer un déficit devenu abyssal.

J’ai entendu le président de la République parler de solidarité avec les plus modestes. Mais qu’a-t-il fait ? Rien ! Il vient de décider aujourd’hui pour la troisième année consécutive de ne donner aucun coup de pouce au SMIC.

En fait, il laisse les Français seuls face à leurs problèmes et face à la crise.