Il est difficile d'imaginer aujourd'hui qu'il y a cinquante ans, un gouvernement Français, inspiré par le député de la Réunion Michel Debré, avait déplacé et coupé de leurs familles des centaines d'enfants réunionnais pour lutter contre le surpeuplement de la Réunion et repeupler des départements en voie de désertification comme la Creuse.
Entre 1963 et 1982, plus de 1600 enfant réunionnais sont envoyés en métropole au prétexte de lutter contre la pauvreté et l'explosion démographique de l'île, avec l'idée – incroyable ! - de régler simultanément le problème démographique des départements ruraux de la Métropole qui se vidaient sous l'effet de l'exode rural.
Comme le rappelle dans son intervention la députée PS de la réunion, Ericka Bareigts : « les enfants arrivaient en masse à Orly : c'était le choc d'un territoire inconnu, une déchirure familiale, un oubli de leur culture, de leur langue maternelle ... L'accord pour le grand départ était volé à des familles pauvres à qui des services sociaux promettaient le grand soir : instruction pour les enfants, réussite professionnelle, familles aimantes, confort et retour pour les vacances.
La réalité fut tout autre : l'administration imposa une rupture totale avec les familles. Il était en effet interdit aux enfants de reprendre contact avec leurs parents ; les courriers n'arrivaient pas à destination ... Toute mesure permettant d'aider les enfants à rentrer à la Réunion était découragée par le personnel politique de l'époque qui craignait que cela n'incite à l'agitation sociale. »
C'est l'honneur du président François Mitterrand et du ministre des DOM-TOM de l'époque, Henri Emmanuelli, d'avoir mis fin à cette politique et au bureau des migrations qui la perpétuait. C'est aussi l'honneur de notre Assemblée d'avoir adopté cette résolution qui rappelle l'histoire meurtrie de ces enfants réunionnais à qui notre République devait réparation.