Retrouvez ci-dessous mon interview du 16 avril publié dans le Nouvel Observateur (Propos recueillis par Clément Quintard):
Prestations sociales non revalorisées, gel de l'indice des fonctionnaires... Manuel Valls a dévoilé mercredi 16 avril le programme des 50 milliards d'économies. Même s'il a promis de sanctuariser les minima sociaux et le Smic, cela n'a pas empêché certains députés de la majorité de fustiger les annonces du Premier ministre, tant sur la forme que sur le fond. Pour Pierre-Alain Muet, député du Rhône, économiste et vice-président de la Commission des finances à l'Assemblée, c'est l'idée même d'effort budgétaire qu'il faut remettre en question.
Le plan d'économies budgétaires se précise, comment accueillez-vous les mesures annoncées ?
- Cela fait trois mois que je passe mon temps à expliquer en interne aux gouvernements que le montant des économies à réaliser est excessif. Aujourd'hui, je le dis publiquement : 50 milliards d'euros, c'est trop ! Même constat pour ce qui est du déficit public [part des dépenses de l'Etat qui dépasse ses recettes, NDLR]. Le déficit structurel de 2014 est de 1,7, ce qui veut dire qu'en conjoncture normale, nous serions très en dessous des 3%. La France a déjà fait des efforts considérables, et nous sommes dans un contexte où la demande en Europe s'est effondrée à cause des politiques d'austérité. Il faut donc, à présent, être plus modéré réduction des déficits, car c'est la meilleure façon de retrouver la croissance et de réduire le chômage.
La France doit pourtant se conformer aux directives de la Commission européenne ?
- Pas forcément : l'Italie de Matteo Renzi a par exemple choisi de laisser filer les déficits pour relancer sa croissance. Je ne comprends toujours pas pourquoi en France on cherche encore à donner des gages à une Commission sortante qui, d'une part, restera dans l'histoire comme celle qui a imposé l'austérité à toute l'Europe, et d'autre part, risque d'être sévèrement sanctionnée dans les urnes le 25 mai. Je rencontre assez régulièrement d'autres parlementaires européens, et au cours de nos réunions, nous assez souvent le même constat : il faut que l'Europe fasse cesser ces politiques d'austérité.
Certains de vos camarades socialistes ont eu des réactions assez dures après le discours de Manuel Valls ce mercredi. La majorité est-elle en train de se morceler ?
- Je m'inquiète plus pour la situation économique du pays que pour la santé de la majorité. Un assez grand nombre de mes collègues ont été surpris, sans doute. Je continue de penser que le Premier ministre tente de prendre les mesures les moins injustes. Mais la seule façon d'y arriver est d'être plus modéré sur la réduction des dépenses, notamment sociales, et de limiter les allègements fiscaux sur les entreprises.