Retrouvez ci-dessous mon interview du 16 mai dans Les Echos. (Propos recueillis par Elsa Freyssenet)
Quelles conclusions tirez-vous de l'absence de croissance au premier trimestre ?
Il faut toujours interpréter les chiffres trimestriels avec prudence car ils sont souvent révisés. La seule conclusion que l'on peut en tirer est que la reprise en cours en France et en Europe est fragile. Nous sortons de trois ans de récession européenne due à l'effondrement de la demande. Pour conforter la reprise, il faut donc rééquilibrer notre politique en faveur de la demande.
Cela remet-il en cause le scénario économique du gouvernement ?
Il ne s'agit pas de le remettre en cause, mais de l'infléchir. La situation économique montre que le déséquilibre entre l'effort demandé aux ménages, par le gel des prestations sociales et du point d'indice des fonctionnaires, et l'ampleur des allégements de cotisations accordées aux entreprises n'est pas optimal du point de vue économique. On ne sortira pas de la récession avec une politique de l'offre univoque. Les allégements de cotisations ont des effets à long terme, mais ils ne résolvent pas notre problème de court terme : on ne sort d'une récession que si la demande repart. Et puis, si la politique de l'offre est utile pour stimuler l'investissement dans les industries exposées à la concurrence internationale, il ne faut pas oublier que les trois quarts de nos entreprises sont d'abord sensibles à la demande intérieure.
Que préconisez-vous ?
Il faudrait rééquilibrer notre pacte vis-à-vis des ménages et accroître encore le nombre d'emplois d'avenir. On peut le faire tout en respectant le rythme de réduction des déficits si on va un peu moins vite sur les allégements de cotisations des entreprises. On arriverait ainsi à mieux conjuguer justice sociale et efficacité économique.