Ce site a été créé en 2007 lors de mon élection comme député de la 2ème circonscription de Lyon. Je continuerai à y publier régulièrement des chroniques de politique économique.
Après 16 ans de vie publique à Lyon, c’est avec beaucoup d’émotion que j’ai retrouvé le 26 juin autour du verre de l’amitié tous ceux qui ont marqué ces années d’adjoint au maire de Lyon et de député .
Ci-joint, le discours prononcé à cette occasion
Chers amis,
Merci d’être venus nombreux. Merci à Jean-Jacques Queyranne et à Charles Fiterman pour leur présence amicale, et à tous les amis qui sont ici et qui font de ce moment un moment privilégié que je n'oublierai pas. Je félicite Hubert Julien Laferrière pour son élection et salue la belle campagne de Nathalie Perrin-Gilbert.
Un départ est toujours une épreuve, même quand on s’y prépare depuis longtemps.
J’y étais préparé depuis 2012, mais ce n’est que lorsque j’ai commencé à classer à ma permanence les documents accumulés que j’ai vraiment réalisé qu’une page se tournait. En retrouvant non seulement les dossiers de ces 2 mandats parlementaires et les souvenirs apportés de l’hôtel de ville, mais aussi tous les livres qui m’ont suivi dans toutes mes fonctions, j’ai réalisé que je tournais en réalité la page de 50 ans d’activité, partagée entre l’économie et la politique.
Je dois à Gérard Collomb rencontré en 1999 à une conférence internationale qui se tenait à l’autre bout du monde non seulement d’avoir franchi le pas de l’élection mais surtout d’être revenu à Lyon, sur les terres de ma jeunesse pour les élections municipales de 2001.
J’avais déjà été sollicité entre 1995 et 1997 pour me présenter aux élections législatives dans des circonscriptions dont j’ai oublié le nom. Mais cela ne m’avait jamais tenté.
C’est en réalité le retour à la Croix-rousse qui a fait pencher la balance aux municipales de 2001. Cela n’a d’ailleurs pas été sans poser problème à Gérard Collomb, qui préférait que je vienne sur la liste qu’il conduisait dans le 9ème, plutôt que dans un arrondissement que certains considéraient encore à l’époque comme un fief imprenable.
Ce retour à la Croix-Rousse a été d’autant plus agréable que j’y ai été accueilli par un jeune professeur d’économie qui deviendra mon directeur de campagne puis maire d’arrondissement, Dominique Bolliet, que j’ai pu m’appuyer sur l’expérience de Claude Milly pour les finances, de Sylvie Bless-Gagnaire et Pierre-Yves Margain pour les relations de presse, et qu’entraient dans l’équipe 2 personnalités qui se présentaient aussi pour la première fois, Thérèse Rabatel et David Kimelfeld.
Je garde de très beaux souvenirs de ces 7 années de mandat d’adjoint et de vice-président du Grand Lyon. C’est un plaisir de retrouver aujourd’hui des élus ou anciens élus de la majorité municipale qui ont guidé mes pas : Lucien Durand, Martine Roure et Alexandrine Peisson. Je salue également les élus de l’opposition qui m’ont fait l’amitié de leur présence aujourd’hui, notamment le maire du 2ème arrondissement, Denis Broliquier.
Il y eut des actions retentissantes comme le sommet des villes et des pouvoirs locaux sur la société de l’information où après avoir fait adopter une déclaration solennelle à Lyon en présence de 200 maires venus du monde entier nous l’avons présenté à Kofi Annan au sommet des chefs d’état qui se tenait à Genève.
Mais ce qui m’a le plus passionné dans ce mandat local, c’est le commerce et l’artisanat. Ce fut un bonheur de parcourir les rues de la Croix-Rousse avec Jacques Descours, de Vaise avec André Amoyal, de la presqu’île avec François Royer et de faire revivre les rues commerçantes des pentes avec Nathalie Perrin-Gilbert.
Sans doute ce gout du commerce et de l’artisanat prenait-il racine dans l’enfance et le petit appartement que nous habitions à la Croix-Rousse dont une pièce servait d’atelier de broderie à ma mère.
C’est paradoxalement en devenant député que je vais pouvoir pleinement me concentrer sur ce territoire merveilleux qui va de Perrache à la Croix-rousse, et de Vaise à Saint Rambert et découvrir une deuxième colline qui rejoindra la Croix-Rousse dans mon Panthéon personnel le plateau de la Duchère.
J’avais quitté Lyon quand la Duchère commençait à sortir de terre, je retrouvai une citée attachante dont les racines plongeaient dans l’autre rive de la méditerranée.
Un plateau où les religions savaient se mêler et se respecter et dont l’équipe de foot, exemplaire grâce au travail de Mohamed Tria, constitue un modèle pour l’éducation des jeunes.
En 2002, la 2ème circonscription restant réservée aux verts, Gérad Collomb me proposa de me présenter dans la 3ème. Je refusai car j’étais revenu à Lyon pour me présenter à la Croix-Rousse et pas ailleurs. D’autant que je venais d’y être élu et que j’aurais eu l’impression de déserter un quartier qui était depuis toujours pour moi ma terre d’élection.
J’ai donc attendu. Et, en 2007, nous avons fait basculer la 2ème circonscription avec Natalie au terme d’une 2ème tour qui ne ressemblait en rien au premier et d’une mobilisation militante exceptionnelle.
L’équipe était animée par David, avec Boumédienne Boussouard aux finances et une équipe de choc pour la communication : Sylvie Perret et mon épouse Simone. Simone venait d’arrêter de faire le tour du monde chaque jour au téléphone et chaque semaine en avion pour se poser enfin un peu à Lyon.
En 2012, avec Thérèse Rabatel, nous avons remporté à nouveau cette circonscription dans un contexte présidentiel beaucoup plus favorable et avec une équipe animée par Gérard Nicolas entouré de nombreux jeunes talents.
C’est un grand bonheur de retrouver aujourd’hui tous celles et ceux qui ont contribué à ces succès et que je remercie encore et aussi tous ceux qui m’ont accompagné dans mes différents mandats : Benoit, Christine, Carole, Florence, Yannick, Gwenaelle et Sophie.
J’ai eu la chance tout au long de ces 10 années de mandat d’avoir 2 collaboratrices exceptionnelles, Gwenaelle à Lyon et Sophie à l’Assemblée.
Ceux qui ont visité le Palais Bourbon ont pu apprécier le talent de Sophie.
Sa connaissance approfondie de l’Assemblée, depuis les procédures budgétaires les plus complexes jusqu’aux dispositifs sophistiqués d’aide à la création culturelle, en feraient une assistante idéale pour les nouveaux députés.
Mais ses compétences n’ont pas échappé aux milieux culturels. Et, depuis 2 mois le syndicat des éditeurs de musique attend impatiemment le 1er juillet pour que Sophie les rejoigne.
Quant à Gwenaelle, elle a une telle connaissance des procédures et des circuits administratifs locaux ... qu’elle est capable de démêler les situations les plus compliquées.
Car le mandat de député est aussi un mandat local très particulier. Car c’est vers sa permanence que convergent une grande partie des malheurs de la circonscription. Combien de fois avons-nous avec Gwenaelle terminé un entretien émus au bord des larmes face à la détresse de nos interlocuteurs.
Mais, même dans les cas en apparence les plus désespérés, Gwenaelle a patiemment renoué les fils pour trouver une solution. Et que dire du bonheur qui nous saisissait chaque fois que le préfet mettait fin à une procédure d’expulsion, qu’un titre de séjour était renouvelé, ou que l’on croisait plusieurs années après, une famille fière d’avoir obtenu la nationalité française.
C’est pourquoi je garde comme un précieux souvenir de mon mandat cet Origami... un cygne fait de 527 morceaux de papiers qui m’a été offert par Muhadim qui est ici avec ses parents.
Mais la question des sans papier est toujours d’actualité et vous pourrez interroger tout à l’heure Colette Ballandin, qui vient juste de m’alerter sur la situation du jeune Djelil Guigma toujours en rétention et menacé d’expulsion.
Il y a une conviction qui a guidée toute mon action, d’économiste puis de député ... c’est le pluralisme et le combat contre la pensée unique, car je partage complètement la formule «Quand nous pensons tous la même chose c’est que nous ne pensons plus ».
Ce pluralisme, je l’ai mis en œuvre en 1981, en devenant l’un des directeurs du premier institut de conjoncture indépendant, l’OFCE. Puis 16 ans plus tard en créant le Conseil d’Analyse Economique auprès du Premier ministre Lionel Jospin
J’ai non seulement voulu que ce conseil rassemble des économistes de toutes opinions, mais que sur les thèmes de réflexions demandés par le Premier ministre, ces différentes opinions soient publiées.
Même si c’est le rêve des technocrates et des lobbys d’apporter des solutions clefs en main, c’est un mauvais service à rendre aux politiques. Car gouverner c’est choisir. Mais ce choix a d’autant plus de chance d’être pertinent qu’il est éclairé en amont par un débat contradictoire.
C’est aussi pour cela que je crois essentiel le rôle des partis politiques pour la vitalité du débat démocratique. La Vème république avec le quinquennat et l’inversion du calendrier électoral est un mauvais régime, car la démocratie fonctionne à l’envers.
Dans un régime parlementaire c’est le parlement qui contrôle le gouvernement.
Chez nous c’est l’inverse : le président décide, il impose sa décision au gouvernement, qui l’impose ensuite à sa majorité. Bien des erreurs auraient être évitées ces dernières années si les débats à l’Assemblée avaient été mieux pris en compte.
Le pluralisme n’empêche nullement d’adopter certaines lois à l’unanimité, mais dans le respect des convictions et des étiquettes politiques de chacun.
C’est d’ailleurs le cas de nombreux amendements et cela se passe souvent mieux quand le gouvernement n’est pas présent.
J’ai évidemment consacré une grande partie de mes interventions à l’Assemblée ... à ce que mes collègues de la gauche attendaient de moi : des interventions sur les questions économiques, ou encore des questions d’actualité qui prenaient souvent la forme de réponses aux interventions précédentes des ministres quand nous étions dans l’opposition.
L’une d’elle fit d’ailleurs déraper François Baroin en 2011, et elle tourne encore sur internet.
Mais c’est aussi des textes adoptés à l’unanimité, par exemple une résolution franco-allemande PS-SPD discutée le même jour à l’assemblée et au Bundestag sur la taxation des transactions financières ; des amendements sur la lutte contre l’évasion fiscale des multinationales ; ou encore, lors une toute dernière séance du parlement en février 2017, un amendement pour mettre fin au quasi-monopole bancaire dans l’assurance d’un emprunt immobilier.
Sur ces derniers sujets, comme sur les droits de l’homme, la culture ou l’action sociale, mes interventions à l’assemblée ont été en prise directe avec les associations de la circonscription, que je remercie chaleureusement de l’aide qu’elles m’ont apportée.
J’ai déjà été très long, mais comme certains s’inquiètent de me voir désoeuvré après mon départ, je les rassure. Je continuerai à m’exprimer, à écrire, à publier.
J’ai accepté une chronique régulière dans Alternatives économiques et j’ai un livre en chantier : une histoire de l’impôt sur le revenu allant de la déclaration des droits de l’homme au revenu universel.
Et, bien sûr, je reviendrai souvent à Lyon.
Avant de conclure, je vais demander à Gwenaelle et à Sophie de me rejoindre pour les remercier de ces 10 années passées à mes cotés.
Chers amis, je vous remercie pour ces belles années passées avec vous et je vous invite à partager le verre de l’amitié