Quel que soit le nombre de locuteurs, une langue est un trésor humain et sa disparition ampute le patrimoine de l'humanité. Nous avons mis longtemps en France pour admettre que la diversité linguistique était un patrimoine qu'il fallait préserver. La généralisation du Français est étroitement liée au combat républicain. L'objectif n'était pas de faire disparaître les langues régionales, il était d'apprendre la langue de la République à tous les enfants. Mais force est de reconnaitre que ce développement s'est fait au détriment des langues régionales.
La reconnaissance des langues et cultures régionales est le fruit d'une longue marche. La construction européenne et la décentralisation initiée en 1982 ont conduit à en redécouvrir la richesse. Bien d'autres pays ont compris avant nous que maintenir la diversité linguistique était une richesse.
Léopold Sédar Senghor aimait à dire qu'il avait toujours refusé de considérer la langue woulof comme seule langue nationale ; que le Sénégal avait 6 langues nationales en plus du Français et que chaque élève de primaire devait apprendre 2 langues, sa langue maternelle et le Français. C'est le modèle qu'ont suivi de nombreux pays africains, en préservant ainsi leurs nombreuses langues nationales (il y en a 12 au Mali) et en faisant du Français, aussi, une langue africaine.
En lançant en parallèle la reconnaissance des langues régionales et l'apprentissage d'une langue vivante dès l'école primaire, Jack Lang rappelait que, non seulement cet enseignement ne nuit pas à la maîtrise du français, mais il contribue au contraire à en mieux comprendre la singularité et les similitudes avec les autres langues.
A une époque où la mondialisation est souvent synonyme d'uniformisation, préserver la diversité linguistique, c'est préserver ce qui est fondamental pour une société : sa culture. C'est pourquoi je salue cette initiative qui conforte un patrimoine essentiel de l'humanité : la diversité culturelle.
4ème Forum des langues du Monde , Lyon, Place Sathonay, dimanche 22 septembre.