J'ai été invité par la chaîne Public Sénat dans l'émission « il y a de l’éco » mercredi 15 octobre pour débattre sur la crise financière et le plan européen face à Gérard Longuet
Vous trouverez également dans la suite de cette note mon interview publiée dans le progrès du mercredi 15 octobre sur le même sujet.
Interview de Pierre-Alain Muet dans Le Progrès du 15 octobre :
>>L’Europe est-elle à la hauteur de la crise ?
L’Europe monétaire, oui. On peut remercier ceux qui, comme François
Mitterrand et Jacques Delors, il y a près de vingt ans, ont lancé l’Union
monétaire. Il lui manque cependant une composante, la capacité pour la
Banque centrale de superviser les banques. La BCE peut jouer le rôle de
pompier, elle devrait aussi être le gendarme, le régulateur.
Quant à l’Europe politique, elle a toujours eu du mal à être à la hauteur, puisque elle n’existe pas vraiment. Le pouvoir budgétaire restant au niveau de chaque pays, la seule réponse collective possible est la coordination de l’action des Etats qui n’est jamais facile.>> L’Europe a-t-elle réussi cette coordination ?
Jusqu’à la réunion de l’Euro-groupe ce week-end, ce n’était pas le cas ! L’exemple étant la surenchère des pays sur la garantie des dépôts des épargnants, en espérant attirer l’argent des voisins. L’Europe est mal armée pour répondre à une crise, elle n’a pas un gouvernement économique qui pourrait s’opposer aux égoïsmes nationaux.
La réunion des présidents de l’Euro-groupe marque en revanche un tournant. Il aura fallu une crise financière d’une ampleur sans précédent pour qu’émerge enfin une gouvernance économique de l’Europe. Le plan fixant les instruments à mettre en oeuvre, puis leur traduction dans chacun des Etats le lendemain, a apporté une incontestable crédibilité à la réponse européenne.
>> Et comment jugez-vous l’action du président de l’Union, Nicolas Sarkozy ?
La première phase, la semaine dernière était pour le moins brouillonne. Il annonce la création d’un fonds européen avant toute concertation, il réunit les 4 pays européens membres du G7 pour s’apercevoir finalement que ce n’était pas
faisable... Ces grandes déclarations qui ne débouchent sur rien n’ont aucun effet sur les marchés financiers et aggravent l’inquiétude de nos concitoyens.
En revanche, la réunion de l’Euro-groupe le week-end dernier a été la bonne initiative. Mais on ne peut pas se contenter de lutter contre l’incendie financier mondial et ne rien faire en France face à une récession qui est déjà là.
Recueilli par Francis Brochet