Préparation du congrès PS : séminaire de rentrée de la fédération du Rhône

08
Sep
2008

Séminaire de rentrée samedi à Rilleux avec la présentation des contributions générales.

Ce séminaire a démontré que, non seulement ce qui nous unit et bien plus fort que ce qui nous divise, mais aussi que nous savons débattre dans la sérénité.

Vous trouverez dans la suite de cet article mon intervention au nom de la contribution de François Hollande.

Intervention de Pierre-Alain Muet, samedi 6 septembre au séminaire de la fédération du Rhône, au nom de la contribution de François Hollande

Chers camarades,

A quoi sert un congrès ? à choisir une orientation, à choisir une direction et donc à choisir celle ou celui qui l'incarnera et qui incarnera surtout aux yeux des français le parti socialiste. Il faut aussi nous mettre au travail dans la perspective de 2012, sachant que ce n'est pas aujourd'hui, mais en 2011 que nous choisirons notre candidat à la présidentielle.

Le problème du congrès de Reims, c'est que notre parti n'a probablement jamais été aussi uni sur l'essentiel et jamais aussi divisé sur les personnes.

C'est ce qui a motivé certains d'entre nous à rédiger cette contribution autour de François Hollande avec un message principal : en finir avec les exclusives et contribuer à unir ceux qui pensent la même chose.

Nous sommes le parti le plus démocratique de notre pays : le seul où les militants votent sur toutes les grandes orientations et sur la désignation de nos candidats à toutes les niveaux responsabilités. Nous avons même été le seul parti à organiser une primaire pour la désignation à la présidentielle.

C'est une force incontestable mais cela peut devenir une faiblesse si nous ne sommes pas rassemblés sur l'essentiel et si nous ne respectons pas nos décisions collectives. Le pluralisme, la diversité sont une chance à la double condition : mener les débats nécessaires (ça on sait faire) mais aussi les clore par une décision qui s'impose à tous. Le respect du vote militant et le respect des décisions collectives c'est la première condition de notre crédibilité collective. Et c'est la seule façon d'être entendu par les Français.

On nous dit où est le Parti socialiste ? Le parti socialiste est inaudible, il n'y a pas d'opposition ! On ne nous le dit pas quand nous disons tous la même chose. Par exemple sur le Paquet fiscal y a un an nous avons tous expliqué d'une seule et même voix que c'était 15 Milliards d'euros gaspillés pour donner tout à ceux qui avaient déjà tout. Et le message est passé dans l'opinion. Mais il suffit qu'une seule de ces voix s'exprime de manière contradictoire pour que nous ne soyons plus du tout entendu.

II) Rassemblés sur l'essentiel.

Il n'y a probablement jamais eu dans notre histoire une convergence aussi forte sur les grandes orientations.

On l'a vu sur la déclaration de principes approuvée par l'ensemble de nos sensibilités. On nous sommait depuis des années de faire notre aggiornamento, notre Bad Godesberg. Voilà qui est fait et à la quasi unanimité !

Lorsqu'on lit les contributions il apparait clairement qu'une majorité large existe dans notre parti pour construire un pôle disons 'social démocrate' fidèle à ce que nous avons fait quand nous étions au pouvoir mais en y apportant des inflexions que nous avons prises notamment ces dernières années et qui nous rapprochent de nos partenaires du Nord de l'Europe. J'en vois deux.

La première c'est le rôle de la négociation sociale et là-dessus ce que vient de faire la droite cet été en trompant les partenaires sociaux pour ouvrir la porte à un profond démantèlement du droit du travail montre bien que dans ce domaine également, il n'aura pas fallu longtemps pour que les baudruches soit disant sociales qu'agitait Nicolas Sarkozy pendant la campagne s'effondrent.

La seconde c'est la prise de conscience que notre modèle de croissance va dans le mur avec le réchauffement climatique. Et s'il y a bien un domaine où nous devons être « révolutionnaire » par rapport au monde ancien c'est bien celui là.

Et pour cela nous avons besoin de relancer le projet européen. Le débat institutionnel qui nous a divisé est derrière nous. La question aujourd'hui c'est quelles politiques communes ; quelles frontières et jusqu'où ? Quelle protection pour l'espace européen. Et cela nous devons non seulement être clair entre nous mais en débattre avec les autres partis socialistes européens.

Eh bien la contribution de François Hollande ne dit qu'une seule chose que ceux qui pensent la même chose sachent se réunir pour constituer ce pôle central si nous voulons non seulement nous rassembler mais aussi rassembler la gauche.

Je n'ai aucune divergence avec ce qui y est dit dans la contribution de Bertrand Delanoé. J'ai lu également son livre cet été : je partage ce qu'il y exprime. Je n'ai qu'une seule différence d'appréciation : je considère moi que la majorité ne peux pas exclure 'a priori' nos camarades qui se sont regroupés autour de Ségolène Royal.

Dans la contribution de Martine Aubry j'ai retrouvé pratiquement tout ce que nous avions écrit dans le projet socialiste. Non seulement il ne me parait pas y avoir de divergence sur le fond mais j'y ai même lu ce que nous sommes un certain nombre à rappeler : l'importance du respect du vote militant et des décisions du Parti. Mais je ne suis pas sur que Martine Aubry ne souhaite le rassemblement que j'évoque.

Je n'ai pas trouvé non plus de désaccord significatifs avec les contributions Ségolène, ni avec celles de Pierre Moscovici et de Gérard Collomb en dehors de la question mode d'organisation des primaires, un sujet qui pourrait être tranché après le congrès lors d'une convention spécifique.

Bref puisque nous disons tous qu'il faut privilégier le débat d'idée, je dirai que si ce n'étaient que les idées qui nous séparent, alors la construction d'une majorité cohérente serait facile.

Notre faiblesse ce n'est pas non plus comme le dit la presse dans l'absence de propositions. Dans ce domaine aussi c'est plutôt le trop plein car ni dans notre projet, ni dans notre programme présidentiel nous n'avons su dégager 5 ou 6 propositions phares.

Pour cela il faut comme nous le disons pratiquement tous, renouer avec les conventions thématiques nationales, comme Lionel Jospin l'avait fait de 1995 à 1997. C'est la seule façon aussi de mener le combat idéologique contre la droite.

Comment a-t-on pu par exemple laisser se développer pendant la campagne présidentielle ce débat absurde sur le thème du 'travailler plus' alors que la durée hebdomadaire du travail est supérieure en France en moyenne de 2h à celle de l'Allemagne, de 3 h à celle des Etats-Unis... et que les pays les plus développés du monde sont déjà tous en moyenne au dessous de 35 h (sauf paradoxalement la France)

Pour gagner la bataille idéologique, pour que notre discours soit entendu que notre parole soit crédible, il faut parler d'une seule voix.

Il faut pour cela que le Premier secrétaire ait toute l'autorité nécessaire. Alors quand certains nous disent ce ne doit surtout pas être un présidentiable, je ne comprends pas. Qui peut le croire d'abord ? Nous serions le seul parti qui, parce qu'il a trop de bons candidats potentiels à la présidentielle devrait s'interdire de choisir l'un d'entre eux comme leader.

Le risque majeur si la direction manque d'autorité c'est que le processus présidentiel ne se développe en dehors du parti. C'est aussi la raison qui me fait douter de l'idée d'une primaire sur le mode italien.

Quant à la question des alliances, elle ne se posent pas vraiment au niveau national car nous savons bien que Bayrou sera candidat et que comme l'extrème gauche il ne peut prospérer que sur la faiblesse du PS et de la gauche parlementaire.

Nous sommes attendus avec impatience par nos concitoyens qui attendent que nous jouons pleinement notre rôle d'opposant pour endiguer les remises en causes du pacte républicain et aussi pour proposer des solutions aux problèmes du pays et dessiner un autre chemin pour demain.

Mais nous n'y arriverons que si nous savons nous rassembler. Car on ne peut pas prétendre vouloir lutter contre l'individualisme qui ronge notre société et le laisser prospérer au coeur de notre propre formation politique.

Rassemblons nous sur un programme clair et explicite, aussi bien dans son projet que dans ses alliances et avec un leader qui sera le porter. C'est la démarche que François Hollande, Bertrand Delanoé, Jean Marc Ayrault et bien d'autres ont exprimés dans leur contribution. Nous souhaitons que d'autres nous rejoignent pour construire le rassemblement de la gauche qui permettra de gagner les combats de demain.