Vous pouvez lire ci-dessous ma tribune parue dans le Monde du 26 avril.
Le gouvernement présente la réduction de 50 milliards des dépenses publiques au cours des 3 prochaines années comme une nécessité au nom du respect de l'objectif des 3 % de déficit. En réalité, cette baisse des dépenses va principalement financer les allègements de cotisations patronales supplémentaires décidés par le Président de la République dans le cadre du pacte de responsabilité et de solidarité. Ce pacte va porter à 30 milliards par an l'ensemble des allègements de prélèvements sur les entreprises, et même 38 milliards en 2017 avec la baisse de l'impôt sur les sociétés et la suppression de la C3S.
Deux chiffres illustrent le poids décisif qu'ont pris ces allègements sur les choix budgétaires d'aujourd'hui. Le déficit de nos finances publiques est en 2013 de 4,3 %. L'écart à l'objectif de 3 % en 2015 est précisément du montant qu'atteindront ces allègements de cotisations (30 milliards représentent 1,5 % du PIB). La seconde comparaison est encore plus éloquente. Le chiffrage des 60 propositions de François Hollande représentait « 20 milliards d'euros à l'horizon 2017 ». Certes, il manquait dans le programme présidentiel des mesures sur la compétitivité et elles sont nécessaires, mais est-il raisonnable qu'elles soient presque deux fois supérieures au coût des 60 engagements du Président au point de bouleverser complètement l'équilibre de notre programme et de devenir l'alpha et l'oméga de la politique économique du gouvernement ?
Retrouvez ci-dessous mon interview du 24 avril dans Le Progrès (Propos recueillis par Patrick Fluckiger)
Vous faites partie des socialistes qui ont tenté d'infléchir le plan de Manuel Valls. Avez-vous obtenu gain de cause ?
Non. Je continue à penser que les allégements des charges des entreprises et les économies sont trop importants. Je ne veux plus rediscuter des 50 milliards d'économies, devenues intouchables parce qu'érigés en « fétiches ». Je suis prêt à m'inscrire dans ce cadre, à condition que les choses soient réparties autrement dans le temps. Il faut aller moins vite dans les allégements de charges afin de ne pas être obligé de geler le point d'indice des fonctionnaires et les prestations sociales. Autrement dit, à défaut de revoir l'ensemble du plan, il faut revoir profondément le rythme de sa mise en œuvre.
Ce rythme n'est-il pas fixé par Bruxelles, qui refuse un délai pour réduire le déficit ?
Pas du tout ! Une bonne partie des coupes budgétaires ne servira pas à réduire le déficit mais à alléger la fiscalité des entreprises. C'est sur cette partie que je propose d'agir.
Nombre d'élus socialistes tentent de faire pression sur Manuel Valls, sans succès visiblement.
Nous avons eu une réunion animée avec le ministre des Finances et son secrétaire d'État au Budget, ce mercredi après-midi. Il est vrai que jusqu'à présent le gouvernement a été assez autiste, mais devant le flot de critiques qui a suivi la présentation du plan, j'ai bon espoir qu'il comprenne enfin que la politique du rabot, que nous avons reprochée à la droite, n'est pas une politique socialiste. Michel Sapin affirme qu'il nous a entendus.
Voterez-vous le pacte de responsabilité mardi ?
Plusieurs députés ont affirmé hier qu'ils vont s'abstenir et certains même qu'ils voteront contre. J'attends de voir quelles inflexions le gouvernement apportera, ou non, à son texte.
Ci-dessous, mon intervention du 23 avril sur LCI:
Sur le même sujet, vous pouvez également consulter mon interview du 22 avril avec le Nouvel Observateur
Après l'audition de Didier Migaud, Président du Haut Conseil des Finances Publiques, Michel Sapin et Christian Eckert ont été auditionnés sur le Programme de Stabilité. Retrouvez ci-dessous mon intervention dans le débat qui a suivi.
PARIS, 17 avr 2014 (AFP) - Onze députés PS, initiateurs de la demande d'un "contrat de majorité", ont plaidé jeudi auprès de Manuel Valls pour limiter les économies d'ici 2017 à 35 milliards d'euros au lieu de 50. "Au-delà de 35 milliards, nous croyons que reculs sociaux et mise à mal des services publics sont inéluctables", estiment ces députés, s'exprimant "au nom de l'appel des cent" parlementaires pour un "contrat de majorité", dans une lettre au Premier ministre dont copie a été envoyée à la presse. "Nous estimons dangereux économiquement, car conduisant à asphyxier la reprise et l'emploi, et contraire aux engagements pris devant nos électeurs, ce plan de 50 milliards d'économies sur la période 2015-2017", écrivent ces députés de différentes sensibilités. Parmi les signataires figurent les aubrystes Christian Paul et Jean-Marc Germain, Laurent Baumel (collectif "Gauche populaire"), Pouria Amirshahi (aile gauche du PS), ou encore le vice-président de la commission des Finances et économiste, Pierre-Alain Muet.
Télécharger: Lettre au Premier Ministre
Retrouvez ci-dessous mon interview du 16 avril publié dans le Nouvel Observateur (Propos recueillis par Clément Quintard):
Prestations sociales non revalorisées, gel de l'indice des fonctionnaires... Manuel Valls a dévoilé mercredi 16 avril le programme des 50 milliards d'économies. Même s'il a promis de sanctuariser les minima sociaux et le Smic, cela n'a pas empêché certains députés de la majorité de fustiger les annonces du Premier ministre, tant sur la forme que sur le fond. Pour Pierre-Alain Muet, député du Rhône, économiste et vice-président de la Commission des finances à l'Assemblée, c'est l'idée même d'effort budgétaire qu'il faut remettre en question.