Les sondages n’ont jamais fait une élection. Souvenons-nous du 21 avril 2002. Certes, les désistements républicains, auxquels la gauche a appelé sans hésiter dès les résultats du premier tour ouvrent la possibilité d’écarter une majorité absolue de l’extrême droite. Mais cela ne se produira que si tous ceux qui sont attachés aux valeurs de notre république votent sans hésiter pour le candidat de gauche, de droite ou du centre, opposé au candidat du Rassemblement National.
Ce n’est certes pas facile de voter pour quelqu’un qui n’est pas de sa famille politique. Nous, socialistes, avons su le faire en votant Jacques Chirac au 2ème tour de 2002 pour écarter Jean-Marie Le Pen, puis en votant Emmanuel Macron aux 2èmes tours de 2016 et de 2021 pour écarter Marine Le Pen. Le risque est sans commune mesure aujourd’hui, car le premier tour a montré que l’extrême -droite est aux portes du pouvoir. Une extrême droite qui prétend à la respectabilité mais dont certains de ses candidats sont ouvertement racistes, homophobes, complotistes et qui, comme en Italie ou en Hongrie, déferait progressivement les institutions de la démocratie.
Il ne s’agit plus d’un vote pour une politique de droite ou de gauche, il s’agit d’empêcher notre pays de basculer dans l’extrême droite pour la première fois de son histoire.
Ci-dessous, la vidéo de l'interview de Lionel Jospin hier sur BFM :
En cette période de l’année où notre devoir de citoyen nous appelle, selon les termes de la Déclaration des droits de l’homme de 1789, à une contribution commune « répartie entre tous les citoyens en raison de leurs facultés », je vous propose ci-dessous une histoire condensée des débats à travers les siècles qui ont abouti à l’adoption en 1914 de l’impôt sur le revenu en France. Une histoire que j’ai développée plus en profondeur dans les premiers chapitres de mon livre Un impôt juste, c’est possible ! (2018).
Les notions de consentement à l’impôt et de justice fiscale ont une longue histoire, marquée par l’évolution générale des idées philosophiques, économiques, sociales et par les grandes avancées démocratiques.
On ne peut comprendre l’histoire tourmentée de l’impôt sur le revenu dans notre pays sans revenir sur le lien étroit qui vit naitre simultanément l’impôt moderne et la démocratie.
Pierre-Alain Muet, ancien conseiller de Lionel Jospin et député PS du Rhône, répond à nos questions après la mort de Jacques Delors ce mercredi.
Propos recueillis par Francis Brochet - Le Progrès du 28 décembre 2023
Quel est l’héritage européen de Jacques Delors ?
« Il a relancé la construction européenne, et l’a portée jusqu’à l’union monétaire, qu’il concevait comme un grand projet politique. Son apport a été essentiel : la preuve en est que, depuis son départ de la Commission, l’Europe s’est délitée. »
Pourquoi a-t-il réussi là où d’autres ont échoué ?
« Je pense que cela lui a été possible parce qu’il était un vrai social-démocrate, ce qui n’est pas très éloigné d’un chrétien-démocrate – les deux grandes tendances fondatrices de l’Europe. Il aimait prendre le temps de la discussion, du dialogue. Il l’a prouvé en France quand il s’est occupé du dialogue social, avant d’être ministre des Finances. Puis en Europe, alors que la construction européenne était totalement en panne. Il a pris son bâton de pèlerin, pour aller cherche le plus petit commun dénominateur entre les pays. Ce fut l’Acte unique, et il reconstruit à partir de ça. Cela demande d’avoir à la fois des convictions fortes et énormément de modestie, une combinaison très rare, exceptionnelle chez les politiques. C’était également, et ce n’est pas un hasard, le profil des pères fondateurs de l’Europe, comme Jean Monnet. »
Qu’appréciez-vous le plus chez lui ?
« Je l’ai consulté quand j’ai dû prendre des décisions importantes, car sa grande qualité était d’écouter ce que vous lui disiez. Et c’était un remarquable pédagogue, en tête à tête comme en public, avec une capacité impressionnante d’expliquer les choses très simplement. Il voulait convaincre, sans jamais employer d’argument d’autorité, en allant au fond des choses. Ce qui m’avait séduit chez Mendès France quand j’étais jeune étudiant, je l’ai retrouvé chez Jacques Delors. »
Lors de l'entretien accordé aux journalistes du Progrès, en mars 2005, le président de la commission européenne continuait à s'émerveiller de l'Europe, « championne de la démocratie ». Accompagné de Pierre-Alain Muet, il a été reçu par Jean-Paul Lardy, directeur de la rédaction.
Quand Jacques Delors venait plaider pour l'Europe à LyonQuand Jacques Delors venait plaider pour l'Europe à Lyon - Le Progès du 28 décembre 2023