09
Sep
2014

Au moment où le parallélisme entre les crises de 1929 et de 2008 se prolonge de façon inquiétante en Europe, un retour sur la politique économique de l'homme dont les réformes révolutionnèrent l'Amérique et changèrent le cours de l'histoire est riche d'enseignements pour lutter contre la crise actuelle. Dans un article du numéro spécial de la revue Pouvoirs consacré à Roosevelt, j'analyse les trois changements qu'impulsa Roosevelt - régulation financière, réduction des inégalités, développement de l'intervention publique, dont la généralisation après la seconde guerre mondiale conduisit à la longue période de prospérité de l'après-guerre et qui restent aujourd'hui les réponses pertinentes à une crise née de trois décennies de libéralisme et de dérégulation.

Je souligne aussi le courage politique d'un homme issu de la grande bourgeoisie qui sut affronter la haine des grands patrons et des banquiers d'affaires, qui ne lui pardonnèrent ni l'imposition des grandes fortunes ni la régulation des banques et des marchés financiers. Une leçon à méditer quand dominent en Europe les lobbys bancaires et patronaux et une forme de « pensée unique » qui n'a rien appris de 6 années de crise.

pdfRoosevelt face à la crise

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24
Juil
2014

Vous pouvez lire ci-dessous mon article paru dans l'édition de juillet de L'Economie Politique

Le sujet de ce numéro spécial « qu'est-ce qu'une politique de gauche ? » n'est pas anodin. Depuis plusieurs mois et pour certains depuis plus d'un an, un grand nombre d'électeurs de François Hollande sont désemparés et se demandent où les mène la politique économique conduite par le président de la République et son gouvernement. Les 60 propositions étaient-elles inadaptées à la situation économique, comme ce fut le cas en 1983 quand la gauche dut prendre le tournant de la rigueur ? Pour avoir analysé à 30 ans de distance les politiques économiques des deux périodes, je ne le pense pas[1]. Ce qui était vrai de la relance contrariée de 1981 ne l'est pas de la politique économique mise en oeuvre à la suite du discours du Bourget et des 60 propositions de François Hollande. Ces propositions étaient et restent la réponse pertinente à la crise même s'il y manquait des mesures sur la compétitivité, et même si la durée de la récession européenne avait été sous-estimée. Cela ne justifiait aucunement d'oublier à la fois la demande et des mesures phares du programme présidentiel comme la réforme de l'imposition des revenus, pour faire de la politique de l'offre l'alpha et l'oméga de la nouvelle politique économique d'un gouvernement socialiste.

[1] Sur la politique des années Mitterrand : Alain Fonteneau et Pierre-Alain Muet « La gauche face à la crise » Presses de Sciences-Po, 390 pages, novembre 1985, et sur la première année de la politique de François Hollande ; Pierre-Alain Muet  « Le bon chemin, La politique économique de la gauche mise en perspective », Fondation Jean Jaurès, 118 pages, juin 2013.

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03
Juil
2014

Dans mes interventions sur le projet de loi de finances rectificatif et sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale, mais également à l'occasion d'un long entretien en tête à tête avec le Président de la république, j'ai plaidé pour rééquilibrer le pacte de responsabilité afin que notre politique économique marche sur deux jambes : aux mesures structurelles en faveur des entreprises dont les effets n'apparaîtront qu'à long terme et qui devraient être mieux calibrées, il convient d'ajouter des mesures conjoncturelles (accélération de l'apprentissage, développement des emplois d'avenir, soutien à l'investissement), seules susceptibles de sortir rapidement notre économie de 3 années de récession due à l'effondrement de la demande en Europe.

La situation conjoncturelle est très particulière : après avoir redémarré à la fin de l'année dernière, l'économie française connaît un replat qui risque, comme l'INSEE vient de le rappeler, de se prolonger du fait de la faiblesse persistante de la demande. Dans cette situation où la reprise dépend essentiellement du redressement de la demande, c'est l'emploi qui fait la croissance. Tant que la croissance n'est pas suffisante pour créer des emplois, c'est en effet la création volontariste d'emploi qui enclenchera le cercle vertueux où croissance et emploi se confortent mutuellement. Deux exemples passés, l'un à gauche, l'autre à droite, montrent la pertinence de ce type de politique. En 1997, sous le gouvernement de Lionel Jospin, ce sont les emplois jeunes qui ont déclenché la reprise économique, et quand la croissance est revenue, l'emploi du secteur privé a fortement augmenté. En 2006, une politique comparable a été mise en œuvre par Jean-Louis Borloo avec les mêmes résultats. C'est pourquoi il est indispensable de revenir à l'objectif d'inverser le plus rapidement possible la courbe du chômage par une action massive sur les emplois aidés. Un emploi d'avenir pour un jeune c'est un revenu supplémentaire et donc des débouchés pour les entreprises, et c'est de la confiance pour les familles.

Dans le prolongement de ces réflexions, j'ai déposé deux amendements, l'un pour augmenter fortement les emplois d'avenir (vidéo ci-dessus), l'autre pour accélérer la montée en charge de l'apprentissage (vidéo ci-après). Leur financement - très modeste au regard de l'ampleur des allègements - pouvant être assuré par exemple par la suppression d'allègements parfaitement inefficaces tels que la suppression de la C3S.

Ces amendements n'ont pas été adoptés. Il n'en demeure pas moins qu'un effort massif sur les emplois d'avenir et l'apprentissage reste le chaînon manquant de la politique du gouvernement et la clef de la reprise économique.

22
Jui
2014

La rapporteure générale du budget présente dans les pages 12 et 29 de son rapport les simulations (faites par la Direction Générale du Trésor et des Finances publiques du Ministère des Finances) de l'impact du pacte de responsabilité et de sa contrepartie, les 50 milliards de réduction des dépenses publiques. Alors que le ministre des Finances ne cesse de répéter que ce pacte va créer des emplois et accélérer la croissance, c'est l'inverse que démontrent les simulations :

  • les 21 milliards d'allègements supplémentaires du pacte de responsabilité et de solidarité augmenteraient l'emploi de 40 000 en 2015 et 190 000 en 2017, l'essentiel de l'effet emploi (150 000) résultant des 4,5 Mds d'allègement sur les bas salaires ; l'impact serait très faible sur la croissance (0,25 % de croissance supplémentaire par an en moyenne)
  • la réduction de 50 milliards des dépenses publiques sur 3 ans aurait un effet fortement dépressif (- 0,7 % de croissance en moins chaque année) et une destruction de 250 000 emplois à l'horizon 2017.

Au total, c'est presqu'un demi-point de croissance de moins chaque année et une perte de 60 000 emplois en 2017. Cet impact négatif sur la croissance résulte d'une réduction des dépenses plus de deux fois supérieure aux allègements. Cet  effet pourrait être atténué, et surtout l'impact sur l'emploi pourrait être inversé, par une action forte sur les emplois d'avenir et l'apprentissage. Il y a donc urgence à rééquilibrer le pacte !

Ci-dessous, mon intervention du 23 juin à l'Assemblée sur ce thème, dans laquelle je conclus que si l'on revenait au pari du Président de la République d'inverser rapidement la courbe du chômage à travers un effort considérable pour les emplois d'avenir et l'apprentissage, on trouverait le chaînon qui manque actuellement à la stratégie du gouvernement.


Pierre-Alain Muet, Projet de loi de finances... par pamuet

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18
Jui
2014

La France va-t-elle dans le mur ? La France ne va pas bien, elle n'est pas encore vraiment sortie de la récession et elle n'est pas en situation aujourd'hui de diminuer le chômage. Des mesures d'allégements des charges et des impôts ont été décidées, mais elles n'auront d'effet qu'à moyen terme. Il faut donc les compléter par des mesures immédiates qui permettent de faire redémarrer rapidement l'économie. Je propose d'augmenter fortement le nombre d'emplois d'avenir et de postes d'apprentissage pour les jeunes. C'est la clé : dans notre situation, c'est la création d'emplois qui fait la croissance, en créant du revenu, de la demande adressée aux entreprises, de la confiance... C'est cela qui manque dans la politique du gouvernement : le nombre d'emplois aidés est aujourd'hui inférieur à ce qu'il était sous Jospin (1997- 2000) ou Borloo (2006).

Avez-vous l'argent nécessaire ? Quand on réduit les déficits, il faut être aussi rigoureux sur l'efficacité des allégements que des dépenses. Et dans le paquet de 41 milliards, il y a des allégements efficaces, et d'autres qui ne le sont pas. On peut donc faire moins de réductions de dépenses ou de gels de prestations et financer les emplois d'avenir en faisant moins d'allègements, sans remettre en question la réduction des déficits.

L'Europe nous le permet ? L'Europe peut nous dire à quel rythme nous devons réduire les déficits, pas la façon de le faire.

Vous avez parlé de tout cela au Président, que vous avez vu récemment ? Oui, bien sûr, et j'espère être entendu.

Recueilli par Francis Brochet

Voir également l'article d'Hervé Nathan dans Marianne.fr : « ces frondeurs PS pas vus à la télé ; Pierre-Alain Muet : parce qu'Hollande a changé la nature du quinquennat »

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03
Jui
2014

Comme un certain nombre de mes collègues parlementaires de gauche, j'ai écrit au ministre de l'emploi, du travail et du dialogue social, François Rebsamen, pour qu'il n'agrée pas en l'état l'accord UNEDIC qui durcit de façon injuste le régime des intermittents du spectacle :

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02
Jui
2014

C'est en vidéo que les délégués des élèves du Lycée Martin Luther King du 9ème arrondissement nous racontent leur visite le 16 mai dernier de l'Assemblée nationale... et de Paris !


Les élèves du LP ML King à Paris

28
Mai
2014

La déroute des élections européennes, plus cinglante encore que celle des municipales, impose plus que jamais un retour sur le désaveu de nos concitoyens

Nous reproche-t-on d'avoir mis en oeuvre les engagements de la campagne de 2012 ? Je ne le pense pas. Nos concitoyens, du moins ceux qui ont voté pour nous, nous reprochent surtout de ne pas comprendre ce que nous faisons aujourd'hui au regard de ce que nous avions annoncé.

La politique sur laquelle nous avons été élus en 2012 est-elle inadaptée à la situation de notre pays ? Je ne le crois pas non plus. Cette politique reste la réponse pertinente à la situation économique, pour notre pays comme pour l'Europe. Certes, les mesures concernant la compétitivité étaient insuffisantes dans notre programme électoral. Mais fallait-il pour autant que les mesures d'allègement sur les entreprises (41 milliards) représentent deux fois le montant de l'ensemble des 60 engagements de François Hollande et constituent l'alpha et l'oméga de notre politique économique ?

Car c'est précisément l'ampleur des ces allégements qui impose une réduction massive des dépenses publiques dans les 3 prochaines années, et non l'objectif de réduction des déficits. On peut demander des efforts importants à nos concitoyens quand il s'agit de réduire le déficit et d'arrêter l'hémorragie de la dette. C'est plus discutable quand ces efforts servent à financer un montant d'allègements dont l'efficacité mérite d'être discutée quand notre pays sort de 3 années de récession due à un effondrement de la demande. Et cela ne constitue certainement pas un projet de société.

On peut certes, dans le cadre d'une renégociation de l'ensemble des politiques européennes, remettre en cause l'ampleur des politiques d'austérité qui pèsent aujourd'hui encore sur la croissance européenne. Mais l'urgence en France, c'est de rééquilibrer le pacte en réduisant à la fois les allègements et le montant des coupes budgétaires qui les financent pour redonner du sens à notre action dans les 3 années qui viennent.

Dans la suite de cette note, ma tribune publiée vendredi dernier sur ce dernier thème dans « Acteurs de l'économie».

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24
Mai
2014

Un grand moment au dernier meeting national de la campagne européenne à Lyon : intervenant après Manuel Valls en conclusion de ce meeting ouvert par les têtes de listes de la circonscription Sud-Est, Sylvie Guillaume et Vincent Peillon, Martin Schulz a évoqué ses rencontres tout au long de cette campagne. Ces hommes, ces femmes, ces jeunes qu'il faut mettre au coeur du projet européen : « La lutte contre le chômage des jeunes », ce n'est pas « un » projet de l'union européenne, « ce doit être Le projet de l'union européenne.... En Europe, nous ne parlons qu'en milliards, 15 milliards ici, 30 milliards pour cette banque ... Mais 96 % de nos citoyens en Europe vivent avec 1 000 ou 1 500 euros ou moins. Dans leur lutte de chaque jour, ils ont le sentiment d'être abandonnés par les institutions ; ils ont le sentiment que ces dirigeants avec leurs milliards n'ont rien à faire avec eux, avec leur vie ... A la tête de la commission on a besoin de quelqu'un qui connaît les soucis de tous les jours des citoyens. C'est la raison pour laquelle je me présente à la présidence de la commission ».

Dans une conclusion émouvante, il a rappelé que la construction européenne avait permis à son pays, après la 2ème guerre mondiale, de rentrer dans la famille des nations démocratiques la tête haute : « La conclusion de la 1ère guerre mondiale a été le traité de Versailles qui disait aux Allemands, vous êtes coupables, vous devez payer jusqu'à la fin de vos jours, la suite est connue... Après la 2ème guerre mondiale il y aurait pu avoir un 2ème Versailles. Car pour les Français, les Belges, les Néerlandais... l'Allemagne était responsable des destructions, des souffrances endurées par ces peuples. Ils auraient pu demander des réparations, demander un nouveau traité de Versailles. Or c'est un tout autre message qui est né à cette occasion : si on veut construire la Paix alors il faut donner à l'Allemagne la chance de créer sa propre démocratie. La main tendue aux Allemands a été un moment sans précédent dans l'histoire de l'humanité ; pour la première fois les nations qui en avaient été les victimes invitaient l'Allemagne à rejoindre la communauté qu'elles étaient en train de créer : la mise en commun du charbon et de l'acier... »

Pour sortir de l'austérité, du chômage et du déclin, il faut que l'Europe retrouve l'esprit qui a été celui des fondateurs. C'est en votant pour la liste des socialistes et sociaux-démocrates européens et en portant Martin Schulz à la tête de la commission que nous changerons l'Europe.


Intervention de Martin Schulz au meeting... par PartiSocialiste

16
Mai
2014

Retrouvez ci-dessous mon interview du 16 mai dans Les Echos. (Propos recueillis par Elsa Freyssenet)

Quelles conclusions tirez-vous de l'absence de croissance au premier trimestre ?
Il faut toujours interpréter les chiffres trimestriels avec prudence car ils sont souvent révisés. La seule conclusion que l'on peut en tirer est que la reprise en cours en France et en Europe est fragile. Nous sortons de trois ans de récession européenne due à l'effondrement de la demande. Pour conforter la reprise, il faut donc rééquilibrer notre politique en faveur de la demande.

Cela remet-il en cause le scénario économique du gouvernement ?
Il ne s'agit pas de le remettre en cause, mais de l'infléchir. La situation économique montre que le déséquilibre entre l'effort demandé aux ménages, par le gel des prestations sociales et du point d'indice des fonctionnaires, et l'ampleur des allégements de cotisations accordées aux entreprises n'est pas optimal du point de vue économique. On ne sortira pas de la récession avec une politique de l'offre univoque. Les allégements de cotisations ont des effets à long terme, mais ils ne résolvent pas notre problème de court terme : on ne sort d'une récession que si la demande repart. Et puis, si la politique de l'offre est utile pour stimuler l'investissement dans les industries exposées à la concurrence internationale, il ne faut pas oublier que les trois quarts de nos entreprises sont d'abord sensibles à la demande intérieure.

Que préconisez-vous ?
Il faudrait rééquilibrer notre pacte vis-à-vis des ménages et accroître encore le nombre d'emplois d'avenir. On peut le faire tout en respectant le rythme de réduction des déficits si on va un peu moins vite sur les allégements de cotisations des entreprises. On arriverait ainsi à mieux conjuguer justice sociale et efficacité économique.

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